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Déficit énergétique: Le procès de la centrale hydroélectrique de Memve’ele

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Les changements climatiques qui affectent le fleuve Ntem au cœur des explications de Gaston Eloundou Essomba , ministre de l’Eau et de l’Energie face au patronat le 22 février 2024 à Douala au sujet des perturbations accrues d’énergie dans le réseau interconnecté sud.

Le contexte actuel est marqué par des perturbations de la fourniture en énergie électrique dans le Réseau Interconnecté Sud. Des perturbations qui font subir aux ménages des délestages et obligent certaines grandes industries à se retirer du réseau pour réduire l’impact de ce déficit de production au niveau des ménages. 

Cette situation est  à l’origine d’une  baisse de  productivité des industries, causant de ce fait un manque à gagner à celles-ci. 

En effet, Le parc de production d’électricité actuel est constitué de 62% de l’hydroélectricité, 14% du thermique au gaz, 22 % du thermique au fioul et 2% du solaire. La capacité de production installée est estimée à 1534 MW dont 1359 MW dans le Réseau Interconnecté Sud (RIS) pour une disponibilité d’environ 1200 MW. Cette production est principalement assurée par les centrales hydroélectriques et les centrales thermiques.

Centrales thermiques

L’offre de production provenant de l’hydroélectricité associée au gaz et en prenant en compte le rendement des équipements est de l’ordre de 940 MW environ pour une demande en journée de 960 MW et en soirée 1140 MW. Dans  cette situation il est mis en évidence un déficit de 20MW en journée et 200 MW en soirée. La mise à contribution de l’ensemble des centrales thermiques au fioul (172 MW) pour résorber le déficit en soirée n’est pas suffisant.

Lorsqu’on associe à cela les problèmes d’hydrologie liés aux changements climatiques dans le bassin du Ntem non régulé, les difficultés d’approvisionnement en combustible et les opérations de maintenance des centrales, on observe un déficit dans le Réseau interconnecté Sud allant à plus de 180 MW.

Cette situation est caractérisée par des perturbations de la fourniture en énergie électrique dans plusieurs centres urbains et périurbains du Réseau Interconnecté Sud (RIS). Elle se justifie par un déséquilibre accru entre l’offre et la demande en cette période d’étiage.

Selon Gaston Eloundou Essomba, cette situation est la résultante de la crise hydrologique consécutive aux changements climatiques, ayant entrainé un déficit conjoncturel de la production de la centrale de Memve’ele, sur le fleuve Ntem.

«À la différence des centrales hydroélectriques de Songloulou et d’Edéa qui bénéficient de l’eau stockée dans les barrages réservoirs du bassin de la Sanaga, la centrale de Memve’ele ne bénéficie pas des mêmes capacités de régulation sur le fleuve Ntem. Cette situation, affecte donc sa production d’électricité pendant les saisons sèches allant de décembre à mars et de juillet à août. A titre d’exemple le barrage de Memve’ele a atteint une décrue de 906 m3/s à 76 m3/s en août 2022 et à 47 m3/s en mars 2023 », s’explique le Minee.

La conséquence est donc une baisse drastique de la production de Memve’ele qui est passée de 200MW en décembre 2023 à 35MW en journée actuellement. 

A ce déficit de production, il faut ajouter les difficultés d’approvisionnement en combustibles des centrales thermiques qui contribuent à stabiliser la fourniture en énergie électrique. Eneo a sollicité 18 milliards de l’Etat pour fournir en combustible  ces centrales thermiques.

Cependant, selon Gaston Eloundou Essomba : « les centrales thermiques ne sauraient constituer une solution pérenne car l’ensemble de leur production ne suffit pas à résorber le déficit d’une part, et leur fonctionnement nécessite des arrêts réguliers pour les besoins d’entretien, d’autre part. 

De plus, leur fonctionnement est assujetti à un coût onéreux et aux difficultés d’approvisionnement en combustible. A titre d’exemple la consommation journalière de l’ensemble des centrales thermiques du RIS (Oyomabang, Dibamba, Mbalmayo, Logbaba, Limbé, Bamenda) est évaluée à environ 810 mille litres pour un coût de 550 millions Frs CFA soit 16,5 milliards Fcfa par mois ».

Globoleq

Face à cette situation selon le Minee, le gouvernement n’est pas resté insensible aux désagréments subis par les populations et les industries du fait de ces perturbations. Au nombre des mesures  prises : la mise à contribution de la pleine production de l’ensemble des capacités installées des centrales thermiques ; des rationnements de l’énergie électrique en évitant au maximum les ménages et les zones sensibles ; l’optimisation de la production des autres centrales hydroélectriques ; la mise à contribution des industriels que vous êtes pour réduire la profondeur des délestages aux ménages. 

« Aussi, il vous souvient que Globoleq, du fait du non-respect des engagements contractuels d’ENEO, avait procédé il y a quelques mois au retrait de ses unités de production d’électricité des centrales thermiques de Kribi et de Dibamba, ce qui avait donné lieu à un déficit en énergie électrique de près de 20% de la production du Réseau Interconnecté Sud.

Pour résoudre le problème de paiement des factures, l’Etat central, bien que n’étant pas redevable au concessionnaire, avait entrepris de racheter une partie de la dette d’ENEO à travers l’opération de monétisation conclue en décembre dernier. Cette opération d’un montant de 30 milliards Fcfa, constitue une avance de trésorerie pour le règlement des impayés de certaines entités publiques ». Renchérit le Minee.

Barrage réservoir

Malgré ces mesures, le problème demeure. 

 En perspective, pour atténuer les impacts de la variation de l’hydrologie du fleuve Ntem, le Minee explique que le chef de l’Etat a prescrit l’accélération de la maturation du projet de construction d’un barrage réservoir sur ce fleuve.

Par ailleurs, le gouvernement dans la dynamique de l’accroissement de l’offre de production poursuit le développement et la construction en mode Partenariat Public Privé des ouvrages de production. A terme, tous ces ouvrages apporteront un surplus de production dans le RIS de 2 000 MW  à l’horizon 2032.

C’est dans ce sens qu’il est prévu d’ici la fin de l’année 2024 la mise en service totale du barrage de Nachtigal qui viendra renforcer l’offre en énergie dans le RIS à hauteur de 420MW.

 Léon MGBA

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