Le 16ème sommet des dirigeants des BRICS, prévu à Kazan, en Russie, du 22 au 24 octobre, sera marqué par la définition des critères d’adhésion de nouveaux pays au groupe sous forme de partenaires associés, distincts de celui de membres à part entière.
La croissance du groupe BRICS s’inscrit dans un contexte international où la polarisation entre grandes puissances est de plus en plus marquée. En se présentant comme un acteur indépendant des blocs traditionnellement dominés par les États-Unis et l’Union européenne, les BRICS favorisent l’émergence d’un ordre multipolaire. Cette approche ouvre la voie à des échanges économiques, politiques et culturels basés sur des intérêts communs et non sur des rapports de force unilatéraux.Parmi les critères qui seront évoqués au 16ème sommet des dirigeants des BRICS, prévu à Kazan, en Russie, du 22 au 24 octobre, figurent le soutien à la réforme des Nations Unies (ONU), notamment du Conseil de sécurité ; l’entretien des relations amicales avec les membres actuels, tels que la Russie, la Chine et l’Iran ; et la non-adoption de sanctions économiques sans l’autorisation de l’ONU.Les chefs d’État, dont le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, discuteront de la formalisation de ces critères, qui sont à un stade avancé de négociation.
Plateforme pour les pays du Sud
Depuis leur création en 2009 avec le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, les BRICS se positionnent comme une alternative à l’ordre mondial dominé par les puissances occidentales. L’intégration récente de cinq nouveaux membres renforce l’influence de ce groupe en pleine mutation, cherchant à devenir une plateforme d’alliance économique et géopolitique pour les pays du Sud. En effet, le ministre brésilien des Affaires étrangères, Mauro Vieira, a déclaré le 14 octobre 2024 que plus de 30 pays de diverses régions ont exprimé leur intérêt à rejoindre les BRICS. Selon lui, le groupe constitue une « forme de coopération très intéressante. » L’intégration de l’Éthiopie et de l’Égypte viendra renforcer la présence de l’Afrique au sein du groupe, offrant une meilleure représentativité à un continent souvent marginalisé dans les discussions économiques mondiales. Elle permet également d’étendre l’influence des BRICS sur les échanges et les investissements en Afrique, considérée comme une région stratégique pour les décennies à venir.
Enjeux économiques
L’élargissement du groupe pourrait redéfinir la dynamique commerciale mondiale. Les BRICS, en accueillant de nouveaux membres, augmentent leur poids démographique et économique, et peuvent faciliter des échanges moins dépendants du dollar américain. Plusieurs membres du groupe, notamment la Chine, ont exprimé leur volonté de développer des alternatives au dollar pour les transactions internationales, visant à limiter les fluctuations et les dépendances vis-à-vis des marchés financiers occidentaux.Pour les pays en développement souhaitant rejoindre le groupe, l’attrait principal réside dans la possibilité d’accéder à des financements alternatifs à ceux proposés par les institutions occidentales, souvent perçues comme imposant des conditions contraignantes. Le New Development Bank, la banque de développement des BRICS, est perçue comme une alternative prometteuse pour les investissements dans les infrastructures et le développement durable.
Sécurité et technologie
L’élargissement des BRICS ne se limite pas aux enjeux économiques. Le groupe aspire également à renforcer sa coopération dans des domaines stratégiques tels que la sécurité alimentaire, l’énergie, et les nouvelles technologies. La crise de la chaîne d’approvisionnement mondiale et les menaces de conflits géopolitiques rendent la collaboration dans ces secteurs cruciale pour de nombreux pays, désireux d’accroître leur indépendance stratégique.Dans le domaine technologique, les BRICS cherchent à encourager le développement et le partage de technologies indépendantes des géants américains et européens. La Russie, l’Inde et la Chine, en particulier, investissent massivement dans leurs propres infrastructures numériques et cyber-sécuritaires, et l’intégration d’autres pays dans ce réseau pourrait offrir un levier puissant pour l’innovation en dehors des sphères d’influence occidentales.
Cependant les ambitions d’élargissement des BRICS soulèvent des défis, notamment en termes de cohésion interne et d’alignement des intérêts. Avec des membres aux parcours politiques, économiques et culturels différents, le groupe devra trouver un équilibre entre coopération et diversité. La vision de ce groupe en tant que catalyseur de nouvelles alliances mondiales dépendra de sa capacité à surmonter ces obstacles et à établir un modèle inclusif.
Le processus d’expansion des BRICS, qui attire de plus en plus de pays, témoigne d’une volonté de construire un nouvel ordre mondial multipolaire. Si les BRICS réussissent à inclure efficacement ces nouvelles nations, ils pourraient incarner une alternative puissante aux alliances traditionnelles et remodeler durablement l’architecture mondiale des échanges économiques et politiques.
Léon MGBA