Home Economie Arnaque du fret routier : la colère des transporteurs Camerounais

Arnaque du fret routier : la colère des transporteurs Camerounais

Les syndicats du transport de marchandises dénoncent une “arnaque institutionnalisée” et pensent à un débrayage sur la route si le gouvernement ne rectifie pas la trajectoire.

Véritable coup de semonce. Le collectif des associations syndicales de transports routiers de marchandises, regroupées sous la bannière de la « Solidarité des syndicats de transports routiers de marchandises », a interpellé l’État camerounais, le 26 juin 2025, à travers un point de presse tenue à Yaoundé. À la manœuvre : Djika Hamadou, président du Comité de coordination du Syndicat général des transporteurs du Cameroun, Beauclair Ngaakam du Synppuircam et Achu Peter Fru, tous vent debout contre ce qu’ils qualifient d’« extorsion légalisée » opérée par le Bureau de Gestion du Fret Terrestre (BGFT).Au cœur de la contestation : la taxe de 2 000 Fcfa imposée aux transporteurs à chaque voyage, pour l’achat de timbres apposés sur les lettres de voiture. Une taxe dont les retombées ne parviennent jamais jusqu’aux caisses de l’État, selon les révélations de la Conac, qui évoque plus de 150 milliards Fcfa évaporés dans la nature. Le chiffre grimpe même à 300 milliards Fcfa, selon le collectif des syndicats qui a adressé une lettre ouverte au chef de l’État pour dénoncer ces pratiques anormaux.

Une route semée d’injustices

Le collectif ne mâche pas ses mots : « Ce système est devenu une machine à broyer les transporteurs », clame Djika Hamadou. Ces derniers dénoncent une structure administrative opaque, pilotée sans contrôle effectif de l’État ni représentation équitable des parties prenantes du secteur. « Le BGFT est censé réguler. Il est devenu un péage parallèle. Son comité de gestion agit en vase clos, sans redevabilité », accuse Achu Peter Fru. Le comité, composé d’un représentant du ministère des Transports et d’autres membres choisis sans concertation sectorielle, est pointé du doigt pour avoir dévoyé sa mission originelle : organiser la répartition du fret, fixer les quotas et négocier les tarifs.

Révolte sous tension

Les transporteurs exigent :l a suppression immédiate de la perception des 2 000 cfa par voyage ; le remboursement des montants déjà perçus ; la réforme profonde du BGFT, avec intégration d’acteurs professionnels et syndicaux dans son organe de décision ; la réduction des charges fiscales et douanières, aujourd’hui bien au-dessus de celles pratiquées dans les pays voisins de la Cemac. Les syndicalistes appellent à une harmonisation sous-régionale et dénoncent l’attitude du Cameroun, « champion des tracasseries administratives et des surtaxes en zone Cemac ». Ils brandissent la menace d’un mouvement de débrayage généralisé, si leurs revendications ne sont pas prises en compte dans les plus brefs délais.

Un secteur vital à l’arrêt ?

« Le transport, c’est l’artère principale de l’économie. Quand la route s’arrête, tout s’arrête », prévient Beauclair Ngaakam. Dans un contexte électoral tendu, les syndicats tiennent à marquer leur indépendance : « Nous ne sommes les chevaux de bataille d’aucun parti. Mais nous refusons d’être sacrifiés sur l’autel du clientélisme politique », martèle Hamadou DjikaDans une ultime tentative de dialogue, le collectif appelle le gouvernement à remettre le BGFT sur les rails, au risque de voir les camions caler définitivement.

Léon Mgba

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