Le ministère des Finances du Cameroun a publié le 23 avril 2025 un communiqué officiel en réaction à une tribune de l’économiste Babissakana relayée dans la presse, portant sur l’avis défavorable de la Chambre des Comptes de la Cour Suprême au sujet des états financiers de l’État au 31 décembre 2023.
La haute juridiction avait estimé que ces états « ne donnent pas une image fidèle du patrimoine et de la situation financière de l’État », conformément aux normes en vigueur. Face à l’interprétation controversée de cet avis, le ministère des Finances dont le chef de département est Louis Paul Motaze a tenu à lever toute équivoque en contextualisant la situation.
Depuis 2022, le gouvernement camerounais a entamé une réforme d’envergure visant à basculer d’une comptabilité de caisse à une comptabilité patrimoniale. Cette nouvelle approche, conforme aux standards internationaux, vise à inventorier et intégrer dans les comptes publics l’ensemble des actifs (immeubles, terrains, créances, etc.), passifs (dettes, disponibilités), ainsi que les engagements conditionnels (garanties, contentieux, pensions, etc.).
Le ministère des Finances précise que cette réforme, de nature structurelle et progressive, nécessite un long processus de recensement et de valorisation du patrimoine de l’État. À ce jour, les efforts ont permis l’intégration des participations publiques, du stock de la dette, ainsi que des biens immobiliers dans certaines zones clés comme le Wouri, le Mfoundi, les régions du Sud et de l’Est. Les opérations se poursuivent à l’échelle nationale et internationale, notamment dans les représentations diplomatiques.Le ministère rappelle que même en France, où ce modèle a été introduit en 2001, le recensement des biens est toujours en cours.

Ainsi, le caractère incomplet des comptes actuels du Cameroun ne saurait être interprété comme une fraude ou une dissimulation, mais comme une étape transitoire vers une plus grande transparence.Le gouvernement réaffirme son engagement à mener cette réforme à terme, afin d’améliorer la lisibilité du patrimoine public et de renforcer la crédibilité financière de l’État auprès des bailleurs et partenaires.
Léon MGBA