Le Cameroun vient de perdre à l’âge de 81 ans, l’un de ses hauts commis de l’État les plus respectés, qui a consacré sa vie au service de son pays, occupant de nombreuses fonctions de responsabilité au sein de l’administration publique.
David Abouem à Tchoyi, qui est décédé à l’âge de 81 ans est né le 15 janvier 1944 à Kribi. L’ ancien secrétaire général de la Présidence de la République, ancien secrétaire général du Premier ministère, et ancien gouverneur des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, a marqué l’histoire politique et administrative du Cameroun. Toutefois, son dernier combat, particulièrement dans les deux régions anglophones du pays, reste gravé dans les mémoires de ceux qui ont suivi de près son action.
Sa carrière a été marquée par une série de postes de responsabilité, dont la gestion des crises administratives et territoriales. Mais c’est dans la gestion de la crise qui secoue depuis 2016 les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest qu’il a consacré ses dernières forces. Ce conflit, d’abord d’ordre sociopolitique, est rapidement devenu une guerre ouverte entre les séparatistes anglophones et les forces de défense et de sécurité du pays.En tant qu’ancien gouverneur de ces deux régions, David Abouem à Tchoyi connaissait intimement les réalités et les défis sur le terrain. Il savait que la solution à cette crise ne résidait pas uniquement dans la répression militaire, mais dans un dialogue sincère et inclusif. Il a ainsi œuvré pour une approche qui favorisait la réconciliation et l’unité nationale, sans pour autant négliger les questions de sécurité et d’intégrité territoriale du Cameroun. C’est un homme de dialogue et de médiation qui, en tant que membre de la Commission nationale du bilinguisme et du multiculturalisme, a toujours défendu l’idée que l’unité du pays ne devait pas passer par l’exclusion de ses communautés, mais par la reconnaissance des diversités
Action pour la paix
Son action pour la paix a été marquée par plusieurs initiatives en faveur du retour au calme dans les deux régions. Bien que son rôle n’ait pas toujours été visible dans les médias, il n’a cessé de soutenir les efforts du gouvernement pour restaurer l’ordre et initier des discussions avec les acteurs du conflit. Il a plaidé pour un apaisement des tensions et une solution politique durable, conscient que seule la réconciliation entre les Camerounais pouvait permettre de sortir du cycle de violence. Le dernier combat de David Abouem à Tchoyi pour la paix dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, bien que difficile et complexe, restera une partie essentielle de son héritage. Il n’a jamais cessé de défendre la cohésion nationale, le respect des cultures et des langues de chacun, convaincu que la paix et le progrès ne peuvent se réaliser qu’en tenant compte des aspirations profondes de toutes les communautés du pays.
Aujourd’hui, le Cameroun perd un homme d’État de grande envergure, qui a œuvré avec conviction et passion pour son pays. David Abouem à Tchoyi laisse derrière lui une œuvre qui, bien que marquée par des défis, incarne un engagement sans faille pour la paix, l’unité et le progrès du Cameroun. Son dernier combat, celui de la paix dans les régions anglophones, restera dans l’histoire comme l’une des batailles les plus importantes de sa vie publique.
Léon MGBA