Home Economie Finances publiques du Cameroun : budget 2025 sous tension raisonnée

Finances publiques du Cameroun : budget 2025 sous tension raisonnée

Après un exercice 2024 marqué par un net dérapage budgétaire, les autorités camerounaises recentrent leur stratégie sur une meilleure discipline financière en 2025.

Le déficit global, qui s’était établi à 1,5 % du Produit intérieur brut (PIB) en 2024 contre une cible de 0,4 %, est désormais prévu à 0,8 % du PIB pour l’année en cours, selon l’ordonnance modifiant la loi de finances. La dégradation du solde budgétaire en 2024 a résulté d’un double effet : une contraction des recettes internes, notamment pétrolières, et un dépassement net des dépenses. Les recettes ont accusé un manque à gagner équivalent à 0,4 % du PIB, pendant que les dépenses excédaient les prévisions de 0,7 %.

Malgré des économies ciblées sur les investissements publics et les transferts, les surcoûts liés aux biens et services, aux intérêts de la dette et aux salaires ont alourdi le déficit. À fin mars 2025, la gestion budgétaire montre des signaux de redressement. Les recettes internes mobilisées atteignent 1 186,7 milliards de Fcfa, représentant un taux de réalisation de 21,4 % par rapport aux prévisions annuelles, en léger recul par rapport à la même période en 2024 (-1 %). Ce fléchissement s’explique encore une fois par la faiblesse des recettes pétrolières et non fiscales. Les dépenses ordonnancées, quant à elles, s’élèvent à 957,5 milliards, en baisse de 28,2 % sur un an, traduisant un rythme d’exécution particulièrement lent sur tous les postes, y compris les investissements, les dépenses courantes et le service de la dette. Résultat : un excédent budgétaire conjoncturel de 431,3 milliards à fin mars 2025.

Ajustement prudent du cadre budgétaire

Conscients des marges de manœuvre limitées, les pouvoirs publics ont révisé leur cadrage budgétaire à travers l’ordonnance modificative de la loi de finances 2025. Le déficit est désormais plafonné à 0,8 % du PIB, en hausse par rapport à la cible initiale de 0,3 %, mais bien en deçà du niveau observé en 2024. Deux principaux facteurs expliquent cet ajustement : une baisse projetée des recettes internes de 0,3 point du PIB, en lien avec la volatilité des revenus pétroliers, et une légère hausse des dépenses (+0,2 point), tirée par les intérêts de la dette et les pressions budgétaires liées au secteur de l’électricité.

Pression fiscale en hausse

L’un des marqueurs positifs du cadrage 2025 réside dans la dynamique de la pression fiscale, attendue à 13,2 % du PIB contre 12,9 % en 2024. Cette amélioration tient à la reprise de l’activité économique et à l’entrée en vigueur de mesures fiscales et administratives prévues par la loi de finances.En parallèle, les dépenses primaires devraient être ramenées à 14,9 % du PIB, contre 15,4 % en 2024, notamment grâce à la rationalisation des subventions aux carburants. Le gouvernement entend également améliorer la viabilité budgétaire par la réduction des arriérés (de 1,6 % à 1 % du PIB) et la diminution de l’encours des Bons du Trésor assimilables (de 1,3 % à 1 % du PIB).

La trajectoire budgétaire 2025 mise clairement sur une consolidation progressive des finances publiques. Toutefois, la réussite de cet exercice dépendra de la capacité de l’État à sécuriser ses recettes, à mieux piloter ses dépenses, et à renforcer sa gouvernance budgétaire. Car si l’année commence sous de meilleurs auspices, les fragilités structurelles observées en 2024 restent bien présentes.Le défi de 2025 sera donc de transformer cet apparent redressement en redéploiement durable, en consolidant les acquis sans reproduire les erreurs du passé.

Léon Mgba

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here