Entre promesses d’unité et inertie politique, la Ceeac tente un sursaut stratégique dans la capitale de la Guinée Equatoriale.
Les regards sont tournés vers la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (Ceeac) le 7 juin 2025 à Malabo. Réunis pour la 26e session de la Conférence des chefs d’État et de Gouvernement (Cceg) et la 2e session de la Conférence Maritime de l’Afrique Centrale (Comar), les dirigeants de la région se trouvent à la croisée des chemins. Alors que les promesses d’intégration peinent à se traduire en actes, ces deux sommets sont perçus comme une ultime occasion de passer de la parole aux actes.Sous le thème officiel de la consolidation des réformes, la Ceeac affiche sa volonté de redonner souffle à un projet d’intégration régionale longtemps freiné par l’instabilité politique, la méfiance entre États et l’absence de mécanismes contraignants. Les textes sont là, les structures existent, mais le manque de volonté politique reste le talon d’Achille de l’organisation.Cette session entend donc évaluer les engagements passés, mais surtout relancer une dynamique régionale cohérente. Pour les observateurs, il s’agit d’un test de crédibilité majeur pour la Ceeac, souvent critiquée pour son inefficacité chronique.Gouvernance maritime L’autre urgence discutée à Malabo : la gouvernance maritime. Longtemps absente des priorités régionales, la question des espaces maritimes et des eaux continentales partagées s’impose désormais. Le pillage des ressources halieutiques, la piraterie et l’insécurité dans le Golfe de Guinée fragilisent des économies déjà précaires.La Conférence Maritime (Comar) ambitionne de bâtir une stratégie collective pour sécuriser ces zones et développer une économie bleue durable, capable de générer croissance et emploi. Mais là encore, les divergences d’intérêt risquent de freiner l’élan, si aucun mécanisme de mise en œuvre contraignant n’est adopté.Ces deux rencontres se veulent un tournant. Avec la révision récente du Traité de la Ceeac, les chefs d’État ont désormais entre leurs mains un outil juridique renforcé pour agir collectivement. Reste à savoir s’ils auront le courage politique de l’utiliser pleinement, dans un esprit de solidarité plutôt que de rivalité.Les défis sont nombreux, les urgences pressantes. L’Afrique centrale ne peut plus se contenter de déclarations d’intention. À Malabo, il ne s’agit plus de planifier l’avenir mais d’éviter l’échec d’un projet régional qui, sans sursaut, risque de sombrer dans l’indifférence des peuples qu’il prétend servir.
Léon MGBA