
Une étude nationale met en lumière les faiblesses du secteur et propose une feuille de route pour bâtir une infrastructure numérique souveraine, viable et compétitive.
Dans un contexte où les enjeux de souveraineté numérique et de maîtrise des données deviennent cruciaux, le Centre National de Développement de l’Informatique (Cenadi), sur mandat du ministère des Finances, a présenté les résultats d’une étude stratégique sur l’écosystème des Datacenters au Cameroun. Fruit de trois années de recherche, ce rapport de 269 pages dresse un état des lieux technique, organisationnel et économique des infrastructures actuelles.L’étude intervient alors que les données, devenues ressources stratégiques, exigent une gestion sécurisée et localisée. Selon les résultats présentés, les centres de données existants au Cameroun — tant publics que privés — sont nombreux mais de taille modeste, peu certifiés, énergivores et souvent non viables économiquement. « La souveraineté numérique passe nécessairement par une infrastructure performante, sécurisée et durable, capable de porter nos ambitions en intelligence artificielle, e-gouvernance et innovation digitale », a souligné Louis Paul Motaze , ministre des Finances.
Triple enjeu
L’étude met en évidence trois grandes transformations que pourrait impulser un développement structuré des Datacenters au Cameroun : la souveraineté numérique, en permettant une gestion locale des données sensibles ; La croissance économique, via la création d’emplois qualifiés et l’attractivité pour les investisseurs technologiques ; l’amélioration des services publics et privés, en garantissant des plateformes numériques fiables et efficaces.
Cependant, le rapport identifie des faiblesses persistantes : absence de normes internationales (ISO 27001, TIA-942), faible connectivité, infrastructures énergétiques limitées, manque de mutualisation des ressources, et surtout, un modèle économique déficient dans le secteur public. À cela s’ajoute une pénurie de personnel qualifié pour la conception, la maintenance et l’exploitation professionnelle des centres. Parmi les principales recommandations, l’étude appelle à : La mutualisation des infrastructures publiques autour de un ou deux centres nationaux de sauvegarde, l’adoption de technologies modernes comme le cloud computing, le renforcement des compétences locales et la certification du personnel, la mise en place d’une gouvernance centralisée des données et infrastructures numérique. Le ministère des Finances affirme vouloir jouer un rôle de catalyseur de la transition numérique, en appuyant la mise en œuvre progressive de ces recommandations. Une approche jugée plus rationnelle et adaptée au contexte économique actuel, où les ressources doivent être concentrées sur des projets durables, certifiés et intégrés. L’étude du Cenadi ne se veut pas seulement un diagnostic, mais un appel à l’action collective des secteurs public et privé pour faire du Cameroun un pôle numérique de référence en Afrique centrale.
Léon MGBA