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Afrique centrale : l’élite de la cybersécurité voit le jour à l’université de Dschang

Une avancée majeure rendue possible grâce au soutien technique et logistique de l’armée américaine, partenaire stratégique dans ce projet de sécurisation numérique.

Le 17 février 2025, Dr Igor Kouam Kamdem ouvrait le bal au sein de l’Auditorium Joseph Fondjo, en soutenant une thèse intitulée « Data security and multistage deception on information system ». Avec la mention « Très honorable », son travail jette les bases d’un nouveau paradigme sécuritaire. Le chercheur y développe un système de déception multiniveaux allant de l’authentification à l’exploitation des données, capable de tromper et ralentir les cyberattaques à différents niveaux d’un système d’information.« Il ne suffit plus de chiffrer les données. Il faut aussi pouvoir tromper les attaquants, comprendre leur comportement, et neutraliser leurs actions avant qu’ils n’endommagent l’infrastructure », explique-t-il. Ses recommandations visent notamment les banques camerounaises, victimes chaque année de pertes chiffrées en milliards de Francs CFA à cause de brèches informatiques.

Un mois plus tard, le 15 avril 2025, une autre soutenance confirme l’élan pris par l’université : Dr Volviane Saphir Mfogo, chercheuse en cybersécurité appliquée à l’Internet des objets (IoT), défendait sa thèse intitulée « Machine learning for cyber deception in Internet of Things ». Elle y propose une solution proactive basée sur l’intelligence artificielle, qui anticipe les attaques plutôt que de simplement les détecter. Son innovation simule des objets connectés fictifs pour interagir avec les attaquants, récolter des données sur leurs intentions et ajuster les défenses en conséquence. « Pourquoi attendre qu’une attaque ait lieu pour agir ? Le principe de la cyber-déception est de faire croire à l’attaquant qu’il réussit, alors qu’il est en réalité surveillé dans un environnement contrôlé », résume-t-elle.

Une révolution locale à impact global

Pour le professeur Marcellin Julius Nkenlifack, co-directeur de la thèse du Dr Mfogo, les applications concrètes de cette innovation sont vastes : défense nationale, sécurité aérienne, automobile connectée ou encore domotique. « Ce travail a une dimension stratégique. Il est urgent que les États, y compris les forces armées, s’en emparent », souligne-t-il.Avec ces deux premières thèses, l’Université de Dschang impose sa marque comme pôle d’excellence en cybersécurité dans la région. Le partenariat avec l’armée américaine, discret mais décisif, a permis de doter les laboratoires de moyens de recherche compétitifs et d’une formation de pointe.Alors que les infrastructures numériques africaines deviennent de plus en plus ciblées par des cybermenaces mondiales, cette avancée académique marque un tournant. Elle prouve que l’expertise peut être formée localement pour relever les défis du continent.Dschang ne fait pas que former des docteurs : elle forge les remparts d’une souveraineté numérique africaine, proactive, intelligente et résiliente.

Léon MGBA

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