Ce projet d’environ 2, 3 milliards s’articule autour de quatre composantes clés, chacune visant une problématique spécifique dont la première est l’amélioration de l’offre de services d’état civil.
L’enregistrement des faits d’état civil constitue un pilier fondamental de la gouvernance, de la planification des politiques publiques et de la garantie des droits civils des citoyens. Au Cameroun, cette problématique reste prégnante, avec un accès limité à des services d’état civil de qualité, notamment dans certaines régions. C’est dans ce contexte que s’inscrit le projet Record (Renforcement de l’État Civil dans l’Ouest et restitution des Droits), une initiative structurante née de la réorientation de ressources initialement destinées à la construction du siège du Bureau national de l’état civil (Bunec).
Des propos d’Esther Mireille Edima, coordonnateur du projet Record, l’annulation du projet immobilier a conduit le gouvernement camerounais et la République française, via l’Agence française de développement (AFD), à la réaffectation des fonds dans le domaine prioritaire de l’état civil. C’est ainsi qu’est né le projet Record, doté d’une subvention de 3,5 millions d’euros (environ 2,295 milliards FCFA), encadré par la convention n° CMR1786 01 W signée en juin 2023. Sa mise en œuvre est prévue pour une durée de trois ans, courant désormais jusqu’en 2027, suite à un avenant prenant en compte les retards liés aux exigences préalables et à la contractualisation des opérateurs techniques.
logique d’intervention
Le projet Record vise à contribuer à l’amélioration de l’enregistrement des faits d’état civil et à la fiabilisation du système d’état civil dans la région de l’Ouest.

Il s’articule autour de quatre composantes clés, chacune visant une problématique spécifique : amélioration de l’offre de services d’état civil. Cette composante se concentre sur le renforcement des capacités des acteurs du système (formation, archivage, logistique), la sécurisation des documents délivrés, et l’implémentation d’un système informatisé pour réduire les risques de perte ou de destruction des registres physiques.La deuxième composante appelle à la stimulation de la demande et la sensibilisation des populations. À travers des campagnes d’information adaptées, Record entend accroître la demande d’actes d’état civil, notamment chez les populations marginalisées ou déplacées internes, souvent exclues du système administratif. Des opérations spéciales permettront de répondre aux besoins urgents en matière de rattrapage des enregistrements de naissance, mariage ou décès.
La troisième composante consiste à renforcer la coordination institutionnelle.Un diagnostic des mécanismes de gouvernance permettra de structurer les interventions à travers la création de plateformes de concertation aux niveaux local et national, et de doter les institutions (comme le Minepat et le Bunec) d’outils de pilotage efficaces.la quatrième composante qui est transversale assure la coordination, le suivi-évaluation, et la conformité du projet aux procédures nationales et aux exigences des bailleurs internationaux.
Contrairement à d’autres projets pilotes limités à quelques communes, Record couvre l’intégralité de la région de l’Ouest, soit 41 collectivités territoriales décentralisées, y compris la communauté urbaine de Bafoussam. Il adopte une approche systémique en intervenant sur toute la chaîne de valeur de l’état civil, de la déclaration à l’archivage. L’un des apports majeurs est l’introduction d’un logiciel d’état civil adapté au contexte local, capable de fonctionner hors ligne en cas d’absence d’électricité ou de connexion internet. Ce choix pragmatique illustre la volonté du projet d’implémenter des solutions durables, tenant compte des réalités infrastructurelles du Cameroun. À terme, le projet Record ambitionne de doter la région de l’Ouest d’un système d’état civil modernisé, accessible, fiable et inclusif, capable de produire des données statistiques utiles à la planification du développement. Il permettra également de réduire le nombre de personnes sans documents légaux, condition sine qua non pour l’accès à la citoyenneté, à l’éducation, à l’emploi et à la protection sociale.En somme, le projet Record marque une avancée significative dans la modernisation de l’état civil au Cameroun. Il s’inscrit dans une dynamique de renforcement de l’État de droit et de promotion des droits humains fondamentaux.
Léon MGBA