Le FMI prévoit une croissance mondiale de seulement 2,8 % en 2025, en baisse de 0,5 point par rapport à ses prévisions de janvier. Ce ralentissement est directement lié à la guerre commerciale entre Washington et Pékin et à la remise en cause des principes du libre-échange par la nouvelle administration américaine.
Alors que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale tiennent leurs premières réunions depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, les signaux d’alarme se multiplient pour l’économie mondiale. Le climat géoéconomique se dégrade rapidement, sous l’effet d’une escalade protectionniste qui met à mal les institutions multilatérales nées de l’après-guerre. Pour les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), la situation s’annonce particulièrement périlleuse.
Le FMI prévoit une croissance mondiale de seulement 2,8 % en 2025, en baisse de 0,5 point par rapport à ses prévisions de janvier. Ce ralentissement est directement lié à la guerre commerciale entre Washington et Pékin et à la remise en cause des principes du libre-échange par la nouvelle administration américaine. Dans ce contexte, les économies les plus vulnérables, dont celles de la Cemac, risquent d’être les premières victimes collatérales.
Les six États membres de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine et Tchad) dépendent massivement de leurs exportations de matières premières et du bon fonctionnement du commerce international. Or, le durcissement des politiques protectionnistes à l’échelle mondiale compromet la demande extérieure, en particulier pour les hydrocarbures, le bois et les minerais, piliers des recettes publiques et des réserves de change régionales.
Le retour du nationalisme économique américain alimente également l’instabilité des marchés financiers, ce qui pèse sur l’investissement étranger en Afrique centrale. La défiance à l’égard des institutions multilatérales comme le FMI, à laquelle Donald Trump donne un nouvel élan, fragilise davantage l’accès des pays de la Cemac aux soutiens budgétaires et aux réformes structurelles indispensables à leur redressement.
Résilience mise à l’épreuve
La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, reconnaît que l’intégration économique mondiale n’a pas profité à tous. Mais dans la région Cemac, le désengagement multilatéral exacerbe les déséquilibres macroéconomiques déjà latents. L’inflation importée, les tensions sur les balances de paiements et la volatilité du franc CFA — malgré son arrimage à l’euro — deviennent plus difficiles à contenir.
Les tentatives d’assainissement budgétaire, engagées depuis plusieurs années sous la supervision du FMI, risquent d’être compromises si l’environnement mondial continue de se durcir. Sans coopération internationale renforcée, la capacité des États à absorber les chocs externes et à poursuivre leurs réformes s’érode .Face à un ordre économique mondial en mutation brutale, les pays de la Cemac doivent renforcer leur intégration régionale, diversifier leurs économies et repenser leur stratégie de résilience. L’orage Trump n’est pas qu’une menace pour le multilatéralisme ; il est une alerte pour les économies périphériques qui, en l’absence d’adaptations rapides, risquent la paralysie.
Léon MGBA