Les experts financiers, les représentants gouvernementaux et les institutions bancaires réunis à Yaoundé du 10 au 11 avril ont débattu d’un enjeu majeur pour les États de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique : repenser la gestion de la dette souveraine.
Le Colloque Financier International a mis en lumière les défis structurels liés à l’accumulation des arriérés de paiement par les États. Avec une dette publique représentant près de 50 % du PIB régional, selon la Banque mondiale, la Cemac fait face à une contrainte budgétaire qui limite sa capacité d’action et freine son développement économique.
La prolifération des “restes à payer”, qui représentent une part significative des engagements financiers des États, nuit à la confiance des partenaires financiers et étrangle la trésorerie des entreprises.

Cette dette non apurée impacte directement le climat des affaires et la croissance économique. Les discussions du colloque ont révélé que l’enjeu principal ne réside pas tant dans la soutenabilité de la dette, mais plutôt dans sa gestion inefficace et son refinancement inadéquat. “Les États de la Cemac ont la capacité de générer des richesses suffisantes pour régler leur dette. Le véritable problème est un décalage entre les obligations financières et la mobilisation effective des ressources”, a expliqué un expert présent à la conférence.
sortie de crise
Parmi les solutions avancées pour une sortie de crise, figurent l’optimisation des stratégies de financement, l’utilisation d’instruments financiers innovants et le renforcement de la discipline budgétaire. La création d’un cadre régional de gestion de la dette et d’un fonds de stabilisation a également été discutée afin d’apporter plus de prévisibilité et de sécuriser les finances publiques.
Le rôle des institutions financières régionales et internationales a été mis en avant comme un levier essentiel pour accompagner les États dans la mise en place de réformes structurelles. Le recours à des marchés financiers plus diversifiés, avec une meilleure notation souveraine, a été identifié comme une voie à explorer pour réduire la pression sur les finances publiques.
Ce colloque a permis aux participants de formuler des recommandations concrètes pour amorcer un changement structurel. L’accent a été mis sur l’importance d’une coopération régionale accrue afin de mettre en place des solutions durables et adaptées aux réalités économiques de la Cemac.
Avec la mise en œuvre de ces recommandations, la sous-région pourrait amorcer une sortie progressive du cercle vicieux des “restes à payer” et retrouver une soutenabilité budgétaire propice à une croissance économique plus résiliente et inclusive.
Léon MGBA