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Violences des mouvements Indépendantistes : la responsabilité diluée de la France au Cameroun

Le rapport récemment publié par la Commission Macron, qui examine le rôle de la France dans la répression des mouvements indépendantistes au Cameroun entre 1945 et 1971, suscite des débats sur la manière dont ce passé colonial est abordé.

En tant que candidat déclaré à la présidentielle de 2025, le professeur Éric Essono Tsimi, critique ce rapport pour sa vision unilatérale et pour la minimisation des responsabilités françaises dans les violences subies par les Camerounais.Le rapport de la Commission, constitué d’historiens et de chercheurs camerounais et français, vise à restituer une partie de l’histoire coloniale longtemps ignorée. Si cette démarche est saluée pour ses efforts de documentation et de reconnaissance de certaines violences, elle souffre toutefois d’un manque de profondeur dans l’analyse de la pleine responsabilité française. Le communiqué de l’Élysée, qui accompagne la publication, semble offrir une version officielle des faits sans véritable collaboration ou débat avec les autorités , fait savoir le professeur Éric Essono Tsimi . Le rapport s’apparente selon lui à une histoire écrite par la France, pour la France, et valide un récit qui n’intègre pas pleinement les perspectives camerounaises.Plusieurs aspects du rapport soulèvent des questions, notamment dans la façon dont il évoque les violences et répressions. Le massacre d’Ékité en décembre 1956, décrit comme un « assaut à l’encontre de civiles désarmés », est relativisé par la mention d’une prétendue riposte légitime. Le rapport qualifie certaines actions de la France de « répressions polymorphes », sans aborder la portée de ces violences de manière claire et sans les qualifier de crimes de guerre ou génocidaires, une omission qui témoigne d’une prudence maladroite face aux réalités brutales vécues par les victimes, souligne le candidat déclaré à la présidentielle de 2025. De même, les camps de regroupement, tels que ceux de Zopac, sont évoqués sous l’angle de la « guerre psychologique », ce qui minimise encore les souffrances humaines infligées à des populations entières par l’État colonial français.Le professeur Essono Tsimi insiste sur le fait que cette approche dilue la responsabilité de la France dans les violences commises, notamment en tentant de montrer que certaines répressions étaient également le fait de collaborateurs camerounais. Bien que l’on reconnaisse les atrocités, il reste une volonté de présenter les répressions comme des actions partagées ou liées à des événements internes au Cameroun, une position qui laisse planer le doute sur la pleine responsabilité coloniale.

Monologue franco-centrique

Enfin, l’absence de réponse substantielle du président camerounais Paul Biya à la publication de ce rapport renforce le sentiment de marginalisation des perspectives camerounaises. Contrairement à l’Algérie, où des démarches de reconnaissance mutuelle ont été entreprises, le Cameroun semble relégué à une place secondaire dans ce processus, où la France continue de dicter les termes du dialogue historique. L’ouverture partielle des archives ne s’accompagne pas d’une réelle reconnaissance des souffrances infligées aux Camerounais, ce qui accentue l’impression d’un monologue franco-centrique.Pour dire, le rapport de la Commission Macron, bien qu’important dans sa démarche de documentation, reste insuffisant dans sa capacité à rendre pleinement justice à l’histoire coloniale du Cameroun.

Léon MGBA

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