En dépit d’une tendance baissière amorcée depuis la fin de l’année 2023, l’inflation en zone Cemac continue de dépasser le seuil communautaire de 3%, principalement en raison de la pression exercée par les fonctions de consommation des produits alimentaires et des transports.
Selon la dernière revue des principaux indicateurs économiques, monétaires et financiers de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), publiée par la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), les deux secteurs clés : consommation des produits alimentaires et transports continuent de jouer un rôle central dans la dynamique inflationniste de la région.À fin juin 2024, la fonction « produits alimentaires et boissons non alcoolisées » contribue à hauteur de 2,7 points au taux d’inflation, contre 2,5 points à la même période en 2023. Ce poids accru des denrées alimentaires dans l’inflation globale témoigne de l’impact des perturbations sur les chaînes d’approvisionnement, amplifiées par des conditions climatiques défavorables dans certains États membres de la Cemac. Le Tchad, par exemple, subit une pression sur la demande en raison de l’afflux de réfugiés soudanais, alors que l’offre alimentaire reste limitée.Cette situation reflète une vulnérabilité structurelle de la zone Cemac, où les marchés alimentaires sont sensibles aux chocs climatiques, et où les infrastructures logistiques restent insuffisantes pour répondre à la demande croissante. L’instabilité des prix des produits alimentaires, combinée à des niveaux de production agricole souvent insuffisants, contribue à maintenir une inflation durablement élevée dans la région.
Le moteur transport
Parallèlement, la fonction « transport », qui inclut les coûts liés aux carburants, a également contribué à maintenir l’inflation au-dessus du seuil communautaire. Avec une contribution de 1,1 point à fin juin 2024, contre 1,3 point en 2023, le transport reste un facteur clé de la pression inflationniste, bien que son influence ait légèrement diminué par rapport à l’année précédente.La hausse des prix du carburant, notamment au Cameroun et au Tchad en février 2024, a directement impacté les coûts logistiques et le transport des biens dans toute la sous-région.
En effet, une augmentation des prix à la pompe se traduit immédiatement par une élévation des coûts de transport, tant pour les marchandises que pour les particuliers, ce qui affecte indirectement l’ensemble des secteurs économiques. Cela explique pourquoi, malgré les baisses de l’inflation observées dans certains pays, les prix du transport continuent de peser sur le niveau général des prix en zone Cemac.
Inflation toujours sous tension
Malgré les efforts des États membres (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Équatoriale, République centrafricaine et Tchad) pour contenir l’inflation, la persistance des pressions sur les secteurs des produits alimentaires et des transports laisse entrevoir une dynamique inflationniste encore difficile à maîtriser à court terme. Selon la Beac, cette situation pourrait perdurer, à moins d’une amélioration significative des conditions de production agricole et de la stabilisation des prix des carburants.
Bien que la zone Cemac ait enregistré une légère baisse du taux d’inflation global (5% en juin 2024 contre 5,4% un an auparavant), la pression exercée par les fonctions de consommation des produits alimentaires et des transports reste un défi majeur pour les politiques économiques. Ces secteurs continuent de maintenir l’inflation au-dessus du seuil communautaire, soulignant la nécessité pour les gouvernements de renforcer les infrastructures logistiques, stabiliser les prix des carburants et améliorer la sécurité alimentaire dans la sous-région.
Léon MGBA