Le Cameroun est actuellement l’hôte d’une mission du Fonds Monétaire International (FMI) qui séjournera dans le pays jusqu’au 16 octobre 2024. Il s’agit de la 7ème mission d’évaluation dans le cadre du programme économique et financier élargi conclu entre le Cameroun et le FMI.
Le programme économique et financier élargi, initié en 2021, a pour objectif d’accompagner le poumon économique d’Afrique centrale dans ses réformes économiques structurelles, tout en contribuant à une stabilité macroéconomique durable. Deux autres missions sont encore prévues avant la conclusion de ce programme.En effet, Dans le cadre de son programme élargi avec le Fonds Monétaire International (FMI), le Cameroun a bénéficié de plusieurs soutiens financiers et techniques, ainsi que de divers avantages pour stabiliser son économie et soutenir les réformes structurelles. Le Cameroun a reçu un financement conséquent dans le cadre de la Facilité Élargie de Crédit (FEC) et du Mécanisme Élargi de Crédit (MEDC). Ce soutien financier s’élève à environ 690 millions de dollars, soit plus de 350 milliards de Fcfa sur une période de trois ans (2021-2024), avec des décaissements progressifs conditionnés par les évaluations des réformes en cours. Ces fonds ont permis de soutenir la balance des paiements du pays, améliorer la trésorerie et stabiliser la monnaie. Le programme avec le FMI a aidé le Cameroun à restaurer la stabilité macroéconomique. Les réformes mises en œuvre, notamment la réduction des subventions inefficaces et la consolidation budgétaire, ont contribué à freiner la dette publique et à stabiliser l’économie, même dans un contexte de crise mondiale (COVID-19, hausse des prix des matière première). L’adhésion à un programme avec le FMI a permis au Cameroun d’améliorer sa crédibilité auprès des autres bailleurs de fonds et investisseurs internationaux. Le programme élargi sert aussi de garantie de confiance pour attirer des financements additionnels de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement (BAD) et d’autres institutions multilatérales et bilatérales.
Les attentes du FMI
Le FMI, à travers ce programme, attend du Cameroun des avancées significatives dans plusieurs domaines clés : Pour sa stabilité macroéconomique, Le FMI souhaite que le pays continue à renforcer sa discipline budgétaire et à améliorer la gestion de la dette publique. Une croissance durable et inclusive repose en grande partie sur une maîtrise des dépenses publiques et une meilleure mobilisation des recettes fiscales. Au sujet des réformes structurelles : il est attendu l’amélioration de la gouvernance des entreprises publiques, la réduction des subventions énergétiques mal ciblées et l’optimisation des ressources dans des secteurs clés.De l’objectif de réduction de la pauvreté et des inégalités : le Cameroun est appelé à allouer une part significative de ses ressources à des projets sociaux, en particulier ceux liés à l’éducation, à la santé et à la protection sociale. Le FMI met un accent particulier sur la nécessité de réduire les inégalités et d’améliorer le niveau de vie des populations les plus vulnérables.
Lutte contre la corruption
Le FMI exige du Cameroun une plus grande transparence dans la gestion des finances publiques, ainsi que des efforts accrus pour combattre la corruption qui freine les réformes et affecte la croissance économique.
Cependant, depuis la mise en œuvre de ce programme, le Cameroun a enregistré des avancées notables dans certains domaines : le gouvernement camerounais a mis en place des réformes visant à améliorer la collecte des impôts et à réduire les déficits budgétaires. Des efforts ont également été faits pour contenir la dette publique, bien que celle-ci reste encore à des niveaux préoccupants. Dans le secteur énergétique : des progrès ont été accomplis à travers la restructuration de certaines entreprises publiques, en particulier dans le secteur de l’électricité, avec des réformes en cours pour réduire les pertes financières et améliorer la fourniture d’énergie. Le Cameroun a continué à investir dans des projets d’infrastructures, notamment des routes et des barrages hydroélectriques, afin de soutenir la croissance économique à long terme. Malgré ces avancées, plusieurs défis majeurs subsistent : Certaines entreprises publiques camerounaises continuent d’être lourdement déficitaires (Sonara, Camair.Co, Camwater, Eneo, etc). Des réformes profondes et une meilleure gestion de ces entités sont indispensables pour alléger la pression sur le budget de l’État. Bien que des efforts aient été faits, la corruption reste un obstacle majeur aux réformes. Le Cameroun doit intensifier ses actions pour éradiquer ce phénomène et renforcer la confiance des investisseurs et des bailleurs de fonds.Le Cameroun doit encore améliorer ses mécanismes de collecte fiscale pour augmenter ses recettes internes, tout en évitant des charges trop lourdes pour les petites et moyennes entreprises qui constituent une part importante du tissu économique.Le chapelet s’achève avec une rationalisation des dépenses publiques, notamment en ce qui concerne les subventions inefficaces, par exemple celle du Carburant et les dépenses liées à certains projets non essentiels.
À l’issue de cette 7ème mission d’évaluation, le Cameroun est à un tournant décisif de son programme avec le FMI. Les réformes déjà entreprises sont encourageantes, mais le pays doit encore relever plusieurs défis pour respecter ses engagements et garantir une croissance économique durable et inclusive. Si le Cameroun parvient à remplir ces objectifs, cela pourrait ouvrir la voie à un développement plus soutenu et à une meilleure résilience face aux chocs économiques.
Léon MGBA