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Consommation des drogues :Le « Haro » de la Jeunesse de Pakita

Le  Carrefour Pakita entre le quartier Mvogo- Ada et Essos, réputé très chaud des ambiances récréatives et vulnérable aux stupéfiants, connaît une révolution par une semaine d’actions menées par l’organisation «  les grands du quartier » et sous le parrainage d’Augustin Bala, maire de la commune de Yaoundé 5.

L’examen du baccalauréat de l’enseignement secondaire général de la session 2024 a enregistré un taux de réussite global provisoire de 37,26%, selon l’office du Baccalauréat du Cameroun. Un pourcentage qui appelle a une action urgente. Cependant, l’action à mener dépend de l’approche choisie :  comment est-ce qu’on aborde le problème afin d’y apporter des solutions efficaces et pérennes. Des différentes approches des spécialistes des questions d’éducation, on peut soit s’attaquer aux conséquences en changeant de stratégie, par exemple en apportant des solutions sur le plan éducatifs (les politiques éducatives) ou alors en recherchant les causes et en s’y attaquant résolument. La deuxième méthode reposant principalement sur l’identification des causes probables et essayer d’y apporter des solutions est celle sur laquelle « les grands du quartier ont porté leur choix.

En effet l’une des causes d’échec et du décrochage scolaire est  la consommation de substances psychoactives (alcool ; tabac, drogue).

Pour stopper la saignée, plusieurs associations communautaires, organisations gouvernementales et non gouvernementales (ONG) sous le lead du groupe « les grands frères du quartier » avec le parrainage d’Augustin Bala , maire de l’arrondissement de Yaoundé Vème ont décidé d’agir.  Du 19 au 24  août 2024,  selon  le président exécutif « des grands du quartier », Jacques Antoine Onana, par ailleurs président d’Apersec, des actions d’éducation, de sensibilisation sont menées afin de présenter aux adolescents et aux jeunes des perspectives autres que la drogue et l’alcool,  la disponibilité à proximité de leurs foyers des centres d’accompagnement.

Ainsi, Thierry Essouma, président du comité d’organisation fait savoir que, la mise en œuvre pakita de ces activités de sensibilisation, de dépistage, s’est appuyés sur une expression propre aux jeunes du quartier Pakita, le « YAMO » : qui renvoi à un état d’euphorie provoqué par l’alcool, la drogue et le sexe pour ces derniers.

Le thème retenu a été : « le yamo sans le gué ».  Pour mieux comprendre, le « gué » dans l’argot Camerounais, est un des vocables qui se rapporte à toutes substances associées à la drogue ou aux stupéfiants. Le Yamo : terme issu de deux mots de la langue urbaine camerounaise le fracamglais ; « ya » qui veut dire se sentir, ressentir et « mô » qui veut dire bien. Ainsi par déduction « Yamo » ou « le Yamo » veut dire se sentir bien ou le bien-être. Il peut aussi renvoyer à un état d’euphorie dû à la consommation de drogue et d’alcool.

Les « grands du quartier » pensent ici à un Yamo de la réussite scolaire et sociale, celui de la réalisation de ses rêves et des projets.  un « Yamo » qui fera de ces adolescents et jeunes des acteurs actifs pour le Cameroun d’aujourd’hui et de demain.

 Ce projet permettra donc d’aborder de façon inclusive et intégrée la consommation de substances psychoactives par les adolescent(e)s, les jeunes ; ses conséquences néfastes sur la santé intellectuelle, mentale et physique à court et à long terme notamment le décrochage/échec scolaire, dépendance, grossesses précoces, maladie sexuellement transmissible.

Abus des drogues et alcool

La consommation et l’abus des drogues, de l’alcool, représentent un défi majeur pour la santé publique et la qualité de vie au Cameroun, en particulier parmi les jeunes des villes urbaines. L’état des lieux présenté par le comité national de lutte contre les drogues montre :

la tranche d’âge de 19-32 ans est la plus exposée ; 87% des personnes sujettes à la consommation des drogues résident en milieu urbain ; les jeunes de 15 ans sont les plus grands consommateurs de drogues avec une prévalence de 15% et cette prévalence est plus élevée en milieu scolaire ; 25% des Camerounais ont déjà fait l’expérience d’une drogue dure ; 21% de la population camerounaise en âge scolaire a déjà consommé de la drogue ; les prévalences de consommation annuelles sont respectivement de 72,4% pour le tabac fumé, 72,4% pour le cannabis fumé, 79,3% pour les boissons alcoolisées et 50,5% pour tramadol ; plus de 1 500 patients souffrant des troubles liés à la consommation des drogues avaient été reçus en 2023 dans les centres de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie .

Vulnérabilité de Pakita

Le carrefour Pakita est situé entre le quartier Mvog-ada et le quartier Essos dans une zone géographique appartenant au quartier Essos qui dépend de  l’arrondissement de Yaoundé V. La population de Pakita est vulnérable au trafic et à la consommation des drogues à cause de l’existence  en son sein de plusieurs facteurs  notamment : sa situation urbaine, sa réputation récréative (aussi appelé carrefour de la joie), le caractère jeune de ses habitants, la promiscuité et le décrochage scolaire qui y règne.

Dans un contexte tel que décrit, les feux d’alarme sont au rouge et la communauté de Pakita ne saurait rester spectatrice, car il s’agit de ses adolescents et de ses jeunes. Aussi, en tant qu’entité citoyenne elle a sa part de responsabilité. De ce fait, les jeunes d’Essos plus précisément ceux de Pakita, ne saurons rester les mains croisées à attendre que la solution vienne d’ailleurs.

Ainsi, cette implication commune, à travers une approche intégrée et une action collective, prend place afin de rappeler que la lutte contre la drogue est une affaire de tous et que chacun à son niveau, selon ses compétences peut contribuer à bâtir un avenir où le développement dans nos villes et quartiers se réalise sans les effets dévastateurs de l’abus de drogues.

L’objectif général de ce projet est de contribuer avec la pleine participation de la population à l’amélioration de la littéracie de la jeunesse d’Essos-Pakita afin qu’elle puisse être capable de prendre des décisions adéquates et opportunes relatives à la drogue et aux stupéfiants pour un changement social et comportemental durable. Plus précisément il sera question de contribuer positivement et durablement à la lutte contre le trafic et la consommation de drogues en communauté et en milieu scolaire.

Léon MGBA

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