Lors de la séance plénière d’échanges du 4 juillet 2024 avec les membres du gouvernement, l’honorable Engelbert Essomba Bengono a posé une série de questions au ministre de l’Habitat et du Développement urbain (Minhdu), Célestine Ketcha Courtès qui ne s’est fait pas prier pour sa défense.
Des questions orientées sur la dégradation persistante des voiries des villes camerounaises. D’entrée de jeu à l’hémicycle le 4 juillet 2024, Engelbert Essomba Bengono, élu de la nation rappelle l’instruction du Premier ministre, chef du gouvernement Joseph Dion Ngute qui charge le Minhdu de suivre les travaux de bouchages des nids de poules des principales voiries de la ville de Yaoundé, capitale politique du Cameroun.
Sauf que selon le député Rdpc : « À ce jour, ce programme d’urgence arrêté par le Premier ministre, chef du gouvernement semble piétiner tant lesdits travaux de bouchage sont lents, mal effectués et à peine visibles. Bien plus, la situation s’est considérablement aggravée du fait des conséquences des premières pluies particulièrement diluviennes. »
Pour l’information complète de la représentation nationale, Engelbert Essomba Bengono va poser plusieurs questions recueillies auprès des concitoyens habitants de la ville de Yaoundé, au Minhdu Célestine Ketcha Courtès.
Pour la première question de l’élu de la nation : « Quelle est la consistance technique du programme de bouchage des nids de poules? En d’autres termes, quels sont les matériaux qui entrent dans la composition du bouchage d’un nid de poules? »
Pour davantage éclairer la lanterne des concitoyens, il demande: « Quelles sont les voies de circulation de la ville concernées par le programme de bouchage? S’agit-il uniquement des voies principales? Si oui, lesquelles? Y a-t-il un espoir que ce programme s’étende aux voies secondaires qui sont toutes autant sinon plus dégradées que certaines voies principales ? Quelle est la durée de ces travaux de bouchage et la garantie de stabilité, sachant qu’en l’état actuel de l’exécution du programme, lesdits travaux ressemblent étrangement à ceux Sisyphe? Y a-t-il un espoir que le programme de bouchage ainsi défini pour la ville de Yaoundé s’étende aux 13 autres grandes agglomérations que sont: Douala, Garoua, Bertoua, Ebolowa, Ngaoundéré, Maroua, Bamenda, Buea, Limbé, Kribi, Edéa, Bafoussam et Nkongsamba?»
Modicité des ressources
En réponse, Célestine Ketcha Courtès va réitérer la loi du 24 décembre 2019 sur les collectivités territoriales décentralisées qui donne à savoir que l’entretien des voiries urbaines est du ressort des communes. Cependant, le Minhdu fait remarquer que dans les villes et villages, les élites construisent des grosses villas et maisons, mais ne peuvent pas faire des routes parce que : « les réaliser coûte chère». Pour dire que l’entretien de ces routes est aussi exorbitant. Le Minhdu affirme accompagner les CTD au regard de leurs ressources limitées. Cela se fait soit par le transfert des ressources aux CTD à chaque début d’exercice budgétaire, soit par la réalisation de certaines voies stratégiques en ressources centrales sur la base d’une priorisation concertée pour éviter les doublons et télescopages. Dans ce sens il a fallu pour la ville de Yaoundé, en 2023, un besoin de 13 milliards pour boucher les nids de poules. Selon Ketcha Courtès, le cadrage budgétaire avait donner une possibilité en 2023, d’un milliard. Pour 2024, il y a eu une enveloppe de 4, 650 milliards pour adresser ces questions en lien avec les hautes directives du Premier ministre.
Concernant donc les travaux dans la ville de Yaoundé avec les ressources disponibles du Minduh, ils ont porté sur certaines voies à l’instar du quartier Mbankolo sur la voie « radio reine », le carrefour pakita au quartier Essos, Bastos, nkol-Eton, Nlongkak, Mendong, Mimboman, Angissa, cornier, rue belle mère, Nkolbisson, Irad, marché du Mfoundi, Tsinga village, Simbock, Nkomo, Nkol-Messen, etc. À date, certains chantiers sont achevés et d’autres en cours d’exécution.
Technologie du BCR
Pour ce qui s’apparente à une fuite en avant, Ketcha Courtès va souligner la vétusté de nos routes et pour la plupart n’ont jamais véritablement été réhabilitées. Selon le Minhdu, une route bitumée nécessite un entretien après 5 ans qui consiste à boucher les nids de poules. Après 10 ans, il faut une réhabilitation complète de la surface bitumée. Et après 15 ans il faut procéder à une réhabilitation neuve. De ce fait, la route est coûteuse. Raison pour laquelle la technologie du béton compacté au rouleau (BCR) a été adoptée à Bafoussam, Bertoua, Garoua, Maroua, pour ne citer que ces exemples.
Selon le Minhdu, le BCR est adapté au contexte camerounais et présente plusieurs avantages. Cette technologie utilise des matériaux locaux disponibles sur l’ensemble du territoire camerounais. C’est-à-dire le gravier, le sable, le ciment et l’eau. Le coût du BCR est 3,5 fois inférieur à celui du béton bitumé dont il faut importer le matériel. L’entretien des BCR est plus facile pour les mairies. Et enfin l’entretien du BCR génère beaucoup moins de gaz à effet de serre.
S’agissant de l’entretien des voiries des villes, elle va préciser que grâce aux financements de l’AFD, le programme capitale régionale a permis la réalisation de 51 km de routes dans plusieurs régions. D’autres projets sont en cours pour adresser durablement la question de la dégradation des voiries urbaines.
Léon Mgba