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20 mai 2024:COMPRENDRE LE THEME DU 52EME  ANNIVERSAIRE DE L’ETAT UNITAIRE DU CAMEROUN Décryptage avec Moïse Motomimbang Belinga.

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L’ Expert consultant des questions de droit et de défense propose aussi à l’aune de la guerre de civilisation de ressusciter en la rationalisant, la palabre africaine, pour nous prémunir  contre les menaces,  risques et vulnérabilités.

Les activités commémoratives du référendum mettant fin à l’Etat fédéral et donnant naissance  à l’Etat unitaire du Cameroun se dérouleront le 20 mai 2024 sur l’étendue du territoire national, sous le thème :« Armée et nation, ensemble pour l’unité et la prospérité du Cameroun ». 

À Yaoundé, capitale politique du Cameroun, le président de la République, son excellence Paul Biya, prendra personnellement part, comme à l’accoutumée, à un défilé militaire et civil pour  magnifier le  couple armée-nation comme facteur d’unité et de prospérité de la nation.

La frilosité   qui anime une franche considérable de l’opinion, à la veille de ce grand événement national, au point de douter de la solidité des institutions de la République, au regard notamment  de l’âge avancé de la plupart  des personnalités qui les incarnent, nous oblige  à proposer une grille  de  compréhension de ce thème en cinq points et de prendre position sur le sujet, à travers la définition de ses concepts clés : le contexte de célébration, le rappel des missions de défense de l’armée et de la police, la place de l’armée dans la nation ainsi que la notion d’ordre public en démocratie. 

L’armée : jadis désignée sous le vocable de société militaire aux côtés de la société civile, est l’ensemble des moyens humains, immatériels et matériels de l’Etat, investis des missions de défense de la patrie, généralement autorisés à porter des armes de guerre.

La nation : est le sentiment d’appartenance à un Etat réel ou virtuel, en raison de son identité culturelle ou cultuelle, forgée par l’histoire et la géographie, par une population dont le vouloir vivre ensemble est une réalité concrète et  palpable pour son épanouissement.

contexte de célébration

La commémoration de l’Etat unitaire du Cameroun  le 20 mai 2024 s’effectuera dans un contexte particulier, caractérisé au plan international par un risque accru de confrontation militaire directe entre l’occident et la Russie en Ukraine et en Palestine. Au plan régional, la légitimation progressive de la rébellion  comme moyen démocratique de dévolution du pouvoir politique s’accroit considérablement. Sur le plan  national,  la persistance  de la lutte contre le terrorisme, la corruption et la pauvreté ne semble pas donner des résultats attendus, d’où  la nécessité  d’une réforme urgente et profonde de la gouvernance judiciaire et économique.

missions de défense de l’armée et de la police :

Au Cameroun, les missions dévolues aux forces armées par les textes législatifs et réglementaires portant organisation de la défense nationale sont de quatre ordres :préserver en permanence les intérêts vitaux du pays contre toute forme d’agression ; contribuer à la sécurité et à la défense  de l’espace national, sous régional et régional, dans la perspective de l’adoption à terme d’une politique de défense commune africaine ; contribuer aux actions en faveur de la paix et au respect du droit international ;assurer les tâches de service public, en renforçant sur réquisition, les moyens des organisations régulièrement chargées de la  défense civile.

Les missions de défense de la police,  qui s’effectuent au contact de la population, concernent l’information, le renseignement, la protection et l’investigation.

Pour l’accomplissement harmonieux de ces missions, la connaissance des fonctions stratégiques de protection,  de dissuasion, de prévention et de projection-action, et  le respect des principes généraux de popularité, de permanence, de multifonctionnalité, de polyvalence, de territorialité et d’universalité sont indispensables.

La place de l’armée dans la nation 

La doctrine française met en exergue trois positions antagonistes constituées d’une thèse, d’une antithèse et d’une synthèse portées par Napoléon Ier,  Alfred de  Vigny et Joseph le Maistre qui pensent respectivement que « l’armée c’est la nation », «  l’armée est une nation dans la nation, un vice de nos temps » et «  toute nation a le gouvernement et l’armée qu’elle mérite ».

La réforme des armées de 2001 au Cameroun, fixant les objectifs généraux ainsi que l’organisation centrale et territoriale de la défense nationale met un terme à ce débat en renforçant les dispositions pertinentes de la constitution du 18 janvier 1996  ainsi que la loi du 12 juin 1967 portant organisation de la défense nationale et en consacrant la hiérarchisation suivante :

En tête, le président de la République chargé de défendre la sécurité du territoire et des populations dans le cadre de la séparation des pouvoirs théorisée par Montesquieu et John Loke, suivi du parlement qui vote les lois de programmation militaire, contrôle le pouvoir exécutif incarné par le président de la République et le gouvernement.  L’action des autorités administratives dans le cadre de la défense nationale est également contrôlée par le parlement.  Enfin les Forces de défense de l’armée, de la police et des autres administrations spécialisées dont les objectifs généraux sont les suivants : assurer la sécurité du territoire et de la population ; prévenir les agressions, risques et menaces par la résolution des problèmes de maintien de l’ordre et le traitement des vulnérabilités ; sauvegarder la souveraineté nationale et intervulnérabilité pourvoir aux conventions, traités et accords internationaux.

L’ordre public en démocratie 

Répondant un jour à une question du célèbre journaliste français Yves Morosi de radio Monté- Carlo, le président de la République Paul Biya a émis le vœu que l’histoire retienne de lui qu’il est l’homme qui « a apporté la démocratie et prospérité à son pays le Cameroun ».

Si les avis sont partagés sur le sujet, il n’en demeure pas moins vrai que le Cameroun a considérablement évolué dans les domaines de l’ordre public et de la démocratie depuis le 06 novembre 1982, date de  l’accession de Paul Biya à la magistrature suprême.

S’agissant de la prospérité qui  est une quête permanente des hommes et des Etats, elle  pourrait s’enchaîner au Cameroun par des revers liés aux fluctuations  de l’économie-monde, s’accompagner d’angoisses et de tristesses  notamment par la mort des soldats au combat, et se terminer par la maturation politique du peuple souverain dans le partage des fruits de la croissance..

La joie et l’allégresse qui s’en suivront rendront sa prospérité à la nation camerounaise durement éprouvée par de multiples crises qui l’ont traversée depuis sa reconnaissance internationale,  si l’adversité que nous imposent les ennemis de l’intérieur et de l’extérieur   est vaincue par notre patriotisme légendaire incarné par le Capitaine Martin Paul Samba.

En définitive, l’hypothèse du changement de régime par l’armée étant disqualifiée en démocratie libérale et populaire, la réflexion sur l’Ordre public doit désormais s’opérer au Cameroun sous l’angle privilégié de l’interaction entre les ordres politiques et sociaux, en dégageant un idéal type de  l’ordre public comme : « Un référent juridique, reposant sur l’institutionnalisation du monopôle de la contrainte,  favorisant l’émergence d’un système politique par la légitimation de la relation entre gouvernants et gouvernés, tout en limitant ses excès et en autorisant le règlement pacifique des conflits sociaux ».

Mais une question lancinante mérite d’être posée sur la pertinence du vote comme régulateur politique des conflits sociaux au Cameroun, au regard de son coût excessif et de la contestation de sa pertinence par une frange importante de la population qui répond timidement à l’appel renouvelé  des acteurs de la société civile à s’inscrire massivement sur les listes électorales en prévision de la prochaine élection présidentielle.

N’est-il  par conséquent pas urgent, à l’aune  de la guerre de civilisations  qui se profile à l’horizon de l’avis de  certains analystes  et qui a déjà commencé de notre modeste point de vue, de ressusciter en la rationalisant la palabre africaine, pour nous prémunir  contre les menaces,  risques et vulnérabilités contemporains ?

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